Le fait de quitter sa terre et son chez-soi contre sa volonté confronte l’exilé à une perte majeure qui va pouvoir entrainer un sentiment de nostalgie et parfois l’inscrire dans une
dépression durable. La précipitation du départ, le fait d’avoir dû abandonner une partie des siens et de son histoire, couplés à la difficulté à s’installer dans un nouveau territoire, viennent complexifier le
travail de deuil.
Entre ici et là-bas, entre présent et passé, le désir et les projets de l’exilé semblent souvent s’être évanouis dans
un entre-deux indicible.
L’exil peut produire du débordement psychique, c’est-à-dire que celui qui en fait l’épreuve n’est plus en capacité de se représenter la violence de ce qu’il subit.
Les symptômes du traumatisme de l’exil se caractérisent en général par
l’installation d’un état dépressif (mélancolie) et parfois d’un état de stress post traumatique, notamment pour les personnes victimes de la persécution et de la torture, et toutes celles pour qui l’exil a entrainé une confrontation avec la mort. Le silence envahit alors l’espace de la relation à l’autre, parfois même au sein de la famille, et devient le symptôme d’un manque de mots pour dire la douleur, du fait d’être parti, mais aussi celle d’avoir à poursuivre sa vie ailleurs.