Le désir d’enfant et ses aléas
Très tôt, les enfants jouent et imitent les rôles sociaux de parents. Pour certains, le jeu se transformera en désir tandis que pour d’autres, il n’y aura aucune évidence à devenir parent. Au sein du couple, cet écart peut donner lieu à des projets de vie parfois très différents : la psychothérapie peut permettre de réinterroger ce que signifie ce désir ou son absence, afin d’en assumer la portée. Parfois, bien que le désir d’enfant soit présent, c’est la conception qui interroge : les couples de même sexe, de même que les couples hétérosexuels rencontrant l’infertilité, peuvent être amenés à questionner l’opportunité de recourir à la procréation médicalement assistée (PMA), à l’adoption, ou à la gestation pour autrui (GPA). Ces processus, parfois longs et semés d’embûches, peuvent soulever de nouvelles questions au sujet de la filiation et de la transmission : le lien conjugal peut être mis à rude épreuve. Enfin, il arrive qu’une personne célibataire manifeste un désir d’enfant et s’interroge également sur la possibilité d’avoir recours à l’adoption ou à la PMA. La thérapie est un espace où il est possible de prendre la mesure de ce désir et d’en comprendre les ressorts inconscients afin que ce projet puisse être abordé sans que l’impasse ne soit faite sur la pluralité de ses enjeux.
La grossesse, temps de construction des premiers liens avec l’enfant
La grossesse est souvent décrite comme une période « hors-temps » qui occasionne chez la femme enceinte de nombreuses transformations (modification du corps, bouleversement hormonal, construction du lien avec le fœtus…). Elle est donc un temps de remaniement subjectif, y compris pour le l’autre parent. Les grossesses adolescentes méritent une attention particulière car elles adviennent la plupart du temps dans un contexte où elles n’avaient pas été anticipées : la thérapie peut notamment permettre à la future mère adolescente de se préparer à la naissance, afin que la maternité ne l’empêche pas de poursuivre sa construction et de poursuivre ses projets. Le déni de grossesse est un mécanisme psychique inconscient par lequel la grossesse est ignorée, parfois pendant un temps relativement long. Il est alors important de pouvoir accompagner la femme enceinte dans le travail psychique d’acceptation de cette réalité, l’analyse permettant par ailleurs de réfléchir à ce qui a pu participer à la construction d’un tel mécanisme afin que cela ne vienne pas compliquer ultérieurement le lien avec l’enfant. Enfin, la grossesse est le temps où les futurs parents commencent à se représenter l’enfant. Cette représentation peut être très précoce et parfois très précise. Lors de la naissance survient parfois le constat d’une grande différence entre le bébé réel et ce que l’on nomme l’enfant imaginaire. La psychothérapie peut soutenir ce véritable travail de deuil qui, s’il n’est pas réalisé, peut parasiter la relation parent-enfant. Au contraire certains parents peinent à se représenter l’enfant à venir : bien qu’ils aient conscience de la naissance à venir, ils ont l’impression d’avoir peu de liens avec le fœtus, ce qui les amène parfois à la crainte de ne pas aimer leur enfant ou de ne pas parvenir à s’attacher à lui. La psychothérapie permet de mettre en mots cette difficulté qui peut être source de culpabilité et de stress prénatal, le parent pouvant avoir l’impression d’être (déjà) un mauvais parent. Le travail sur soi permet de favoriser cette représentation de l’enfant. Enfin, à côté de la préparation à l’accouchement et de l’haptonomie, la thérapie par la parole est souvent utile au parent qui ne porte pas l’enfant et pour qui le processus de parentalisation suit un autre chemin.
Devenir et être parents
La naissance est une rencontre puisque, nous le savons, le bébé est une personne. Les échanges avec lui vont permettre de poursuivre la construction du lien établi in utéro et participent à son développement psychomoteur. Les doutes qui peuvent accompagner la naissance du premier enfant sont parfois aussi prenants que les questions posées par l’arrivée d’un nouvel enfant dans une fratrie. Le couple doit s’adapter à cette nouvelle présence qui vient modifier un ensemble de repères établis. Le travail thérapeutique peut soutenir le parent dans ses interrogations, parfois complexifiées par la particularité d’une situation (famille monoparentale, enfant en situation de handicap…). Plus tard, et tout au long de l’enfance puis de l’adolescence, de nouvelles questions peuvent se poser aux parents. Celles liées à l’attachement et à l’autorité, pour ne citer qu’elles, sont communes et peuvent représenter un point de butée lorsque l’on ne sait plus comment faire, que l’on se sent dépassé par les difficultés éducatives, ou que l’on a l’impression de reproduire malgré soi le modèle familial dont l’on a hérité. La transformation de la famille (naissance d’un enfant, séparation, nouveau conjoint, décès d’un membre de la famille…) ou l’advenue d’un événement particulier (perte d’un emploi, déménagement…) peuvent fragiliser le lien parental sans que l’on ne sache bien pourquoi. Parfois, c’est le changement de comportement de l’enfant et ses éventuels symptômes qui vont venir perturber la qualité du lien. Dans tous les cas, la psychothérapie va permettre de repérer et de mettre en mots l’origine du malaise afin de rétablir des liens fiables au sein de la famille. Elle permet à ceux qui le souhaitent de travailler, avec l’aide du psychothérapeute, sur leur difficulté dans un cadre sécurisant. Débuter une psychothérapie n’est pas un aveu d’échec, c’est au contraire demander du soutien dans l’objectif de construire une relation fiable et apaisée avec son enfant. Le lien tissé avec le psychothérapeute doit permettre à chaque parent qui le souhaite de retrouver confiance, de reconnaître ses potentialités et de prendre conscience des liens existants entre les difficultés rencontrées et sa propre histoire familiale afin de les dépasser.